La Maison Forte

Coronakiss

Salle réemploi / Dispositif de rapprochement social

En mars 2020, nous nous retrouvons confinés à 13 ne sachant pas si l’un·e d’entre nous est  porteur·euse du virus. Ne comprenant pas - ou ne voulant pas comprendre - ce qu’est une “distanciation sociale”, nous finissons par produire ce dispositif. Cette bouche fixée à une tige de 1m20 permet lorsque l’on se croise de mesurer la distance de façon non agressive et même de se faire de gros bisous. Nous découvrons ensuite de nouveaux usages : mange debout ou para-catastrophe. Porté comme parapluie, le coronakiss nous protège si le ciel vient à nous tomber sur la tête. Ayant perdu durant cette période tout chiffre d’affaires et n’ayant eu droit à aucune aide public, nous avons lancé la production des Coronakiss. Echec industriel : nous n’en n’avons vendu qu’un.

Inspiration(s) :

Un esprit "particulier" a récupéré cette bouche pour en faire une assise de tabouret… Nous ne cherchons pas à en savoir plus, si ce n’est que oui, le réemploi est une pratique joyeuse, créative et pleine de plaisir ! Une fois tout plaisir pris, on peut alors se poser certaines questions grâce à cette pièce archéologique symptomatique de notre société.

Près de 4 milliards de personnes ont été confinées dans le monde. Notre civilisation capable de tant de prouesses s’est retrouvée à terre, à cause d’un virus dont le rayon était de 50 nm, pour un volume de 523 000 nanomètres. Si l’on considère les charges virales au moment de ce pic entre 1 et 100 milliards de particules alors la charge virale globale en circulation sur la planète ne dépassait pas le volume d’une... canette de soda !

Après quelques années d’enquête, il semble que ce virus soit la conséquence d’une zoonose. L’humain empiétant de plus en plus sur l’espace de vie d’animaux sauvages, à cause de la déforestation notamment, la transmission de virus entre les animaux et les humains va devenir un phénomène courant au point où nous ne sommes pas à l’abris de crises similaires au coronavirus dans les années à venir.

Il convient de s'interroger sérieusement sur tout ces points et particulièrement sur le concept de syndémie inventé par Richard Horton. Ici, avec le coronavirus, nous avons moins à faire à une maladie mais à une société malade. Ce virus - relativement bénin - est le fruit de notre capacité à détruire l'environnement "zoonose" associée à notre incapacité à entretenir un service public de la santé à hauteur d'une société moderne, à risque. Le traitement que nous inventons dans cette situation, un nouveau terme dont nous allons longtemps payer les effets : la distanciation sociale.